Qu’est-ce qu’un « beau gris typographique » ?
Choix d’une police de caractère, d’un corps, d’un interlignage… Les caractères coulent dans la maquette, dans l’espace défini, colorent les pages, de la première à la dernière.
Justifications, césures, approches… La maquettiste reprend de la première à la dernière page la masse grise pour lui donner forme, elle traque et chasse veuves et orphelines, rivières et lézardes qui perturbent la lecture, elle pense au lecteur, à la lectrice qui suivront avec aisance et sans fatigue le texte qu’on leur offre.
Prêtez-vous à cet exercice : prenez un texte imprimé et comme Caroline Crabb – la sœur de Jack Crabb, dans Little Big Man d’Arthur Penn en 1970 – plissez les yeux pour le « flouter » et percevoir la masse grise formée par le texte composé. Y voyez-vous des variations ? Une alternance de zones claires et sombres ? Ou au contraire, percevez-vous un gris homogène, harmonieux ? Fiez-vous à votre rétine, car la qualité de la lecture en dépend.
La composition du texte en gris harmonieux ou « beau gris typographique » tout comme le choix du papier, son grammage ou le format du livre sont des préalables au service du texte que l’auteur ou l’autrice nous confie, et, en bout de chaîne, au service du lecteur ou de la lectrice qui aura plaisir à le découvrir.